CinémaReportage

Cannes Chopard fait son cinéma

Partenaire officiel du Festival de Cannes depuis 25 ans, la marque genevoise a aussi tenu à célébrer les 75 ans de cet événement, en revisitant la Palme d’or. Montée des marches sur le plus célèbre des tapis rouges, soirées exclusives au Martinez, défilé de stars… Immersion dans un monde où glamour et rêve font décidément bon ménage.

Julia Roberts a fait une apparition remarquée sur le tapis rouge. Chevelure flamboyante, sourire radieux, l’actrice américaine portait un collier de la Red Carpet Collection auréolé d’un diamant jaune de 100 carats. Photo : Giulia Parmigiani / Chopard

Il est 16h30. Le lobby de l’hôtel martinnez, si paisible pendant la matinée, se transforme en une véritable ruche. L’heure de la prestigieuse montée des marches se rapproche. Le Palais des Festivals n’est qu’à 800 mètres. Mais, avec le cortège des limousines qui convergera bientôt vers le tapis rouge, la Croisette sera totalement paralysée. Et il est hors de question d’arriver en retard, au risque de se voir refouler par la sécurité. Ce serait ballot! Cela justifie en tout cas cette effervescence à l’heure du thé. Le hall prend alors des allures de showroom où les robes les plus extravagantes défilent. L’une après l’autre, mannequins, comédiennes, ex-candidates de Miss France ou influenceuses descendent l’escalier central pour s’avancer vers la porte du palace. Elles profitent d’immortaliser cet instant de magie devant le bouquet de fleurs géant, là, au cœur du lobby. Autour d’elles, quelques «abeilles» tournoient à l’affût d’un dernier détail à corriger. On sent une once de stress derrière les sourires de façade. Comme si ce moment, suspendu dans une sorte de solennité, était le plus important de leur existence. Attention à la faute de goût ou à la gaffe qui ne manquerait pas de faire le buzz sur les réseaux sociaux! Mais il y a aussi des carrières qui ont décollé à Cannes. On pense à Bella Hadid, à Sharon Stone, dans des registres différents…

Ce jour-là, j’ai le privilège de me glisser dans ce tourbillon. Comme l’exige le dress code, j’ai sorti le smoking et le nœud papillon: Cannes ne tolère aucune fantaisie à ce sujet. En attendant mon chauffeur, je me tiens près de l’entrée du Martinez pour ne pas perdre une miette du spectacle. J’aperçois Clotilde Courau en discussion, totalement détendue, à l’écart de ce tohu-bohu. Le mannequin norvégien Frida Aasen aimante tous les regards dans sa robe Elie Saab qui souligne sa silhouette d’un trait rouge passion et dévoile un dos forcément charmant. Le styliste Christophe Guillarmé – qui a installé son QG au Martinez pendant le festival – débarque avec trois de ses «créatures». Elles fouleront bientôt le tapis rouge, puis s’éclipseront par une porte de secours, sans assister à la projection du film. Le cinéma n’est qu’un prétexte. Ces quelques minutes sous les flashes ne servent qu’à réaliser le rêve de ces jeunes femmes, tout en apaisant l’ambition du créateur… C’est la règle du jeu.

Présentation de la Red Carpet Collection sur le rooftop de l’hôtel Martinez lors de la 1001 Nights Party. Photo : DR / Chopard


Dans les pas de Juliette Armanet

Après quarante-cinq minutes de trajet, au pas, notre limousine s’arrête au pied des marches. Le moment d’entrer en scène arrive enfin. Alors que le speaker annonce le passage d’Isabelle Adjani, je contemple ces deux murs de photographes, postés de chaque côté du tapis rouge, qui mitraillent les stars, criant leur nom pour attirer leur attention, hurlant pour faire dégager les intrus dans leur champ de vision. Je dégaine mon portable pour filmer la scène. On me remet à l’ordre d’une paume ferme: c’est interdit! Du coup, je commence mon voyage dans ce cyclone médiatique, tentant de profiter du moment présent. Je pose pour la photo officielle avec mes collègues alémaniques. Je finis par me retrouver dans les pas de Juliette Armanet pile au moment où son tube Le dernier jour du disco retentit dans les hauts-parleurs. Plutôt cool. Une poignée de secondes plus tard, me voici au somment de l’escalier qui fait fantasmer tout le septième art, là où dans quelques minutes Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement président et délégué général du Festival, accueilleront toute l’équipe du film Les Amandiers: Valeria Bruni-Tedeschi, la réalisatrice, la lumineuse Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot. Dans la salle, parmi la foule, on remarque Carla Bruni, Nicolas Sarkozy, Sandrine Kiberlain, Patrick Timsit. La projection se termine par une longue standing ovation. Clap de fin! Mais la nuit cannoise ne fait que commencer…

Ce cérémonial du tapis rouge n’a pas toujours eu une telle aura. Par le passé, le Festival de Cannes avait certes brodé sa réputation au gré des polémiques et des anecdotes qui lui sont associées. Les starlettes, elles, tentaient d’attirer l’attention en posant seins nus sur la plage. Aujourd’hui, il est «l’événement le plus médiatisé après la Coupe du monde et les Jeux olympiques». L’endroit où les marques de luxe se bousculent pour présenter leurs créations et tenter d’arracher quelques minutes de visibilité. Et c’est en 1997 que le phénomène trouve ses racines. L’année où Chopard devient officiellement le partenaire de l’événement.

Coprésidente de la maison genevoise, Caroline Scheufele, fan de cinéma, avait rencontré Pierre Viot, alors président du festival, pour lui parler de l’inauguration de sa boutique sur la Croisette, juste à côté du Majestic. Au cours de ce rendez-vous, elle découvre la Palme d’or et propose, spontanément, de la rendre «plus prestigieuse, plus glamour». «Je lui ai dit que mon vrai métier n’est pas d’organiser des soirées, mais de dessiner et de créer des bijoux», se souvient-elle. «Je suis rentrée à Genève avec la Palme d’or sous le bras et j’ai annoncé fièrement à mon frère, Karl-Friedrich, que Chopard allait redessiner le trophée. Il m’a prise pour une folle.» Vingt-cinq ans plus tard, le nom du joaillier reste indissociable du Festival de Cannes. Et, afin de fêter ce jubilé, Caroline Scheufele a décidé – comme un clin d’œil au passé – d’offrir un nouveau twist à cette Palme d’or. Le cristal de roche qui lui sert habituellement de socle a ainsi été remplacé par un quartz rose, une pierre souvent associée à l’amour. De plus, deux des 19 folioles en or jaune ont été serties, respectivement, de 75 et de 25 diamants, en écho aux deux anniversaires célébrés cette année sur la Croisette. Une pièce unique réalisée entièrement dans les ateliers de Meyrin. Pour Ruben Östlund, vainqueur de la Palme d’or en 2022 avec le film Sans filtre, ce prix n’en prend que plus de valeur.

75 bijoux dédiés au cinéma

Cependant, Chopard à Cannes, ce n’est pas «que» la Palme d’or. La marque a grandi en même temps que le festival. «Quand nous avons débuté, nous avions pris une junior suite au Majestic, il n’y avait que deux personnes avec moi, l’ambiance était un peu plus bohème», raconte Caroline Scheufele. Désormais, le joaillier investit le rooftop du Martinez pendant dix jours et une quarantaine de personnes s’investit nuit et jour pour assurer ce programme démentiel. Le festival s’est révélé être un tremplin extraordinaire pour la maison genevoise en termes de notoriété et d’affaires. «Cannes nous a permis de développer la haute joaillerie. Auparavant, nous avions nos Happy Diamonds et notre collection de joaillerie, c’est tout!» En 2007, pour les 60 ans du festival, la coprésidente de Chopard décide même de lancer la Red Carpet Collection, composée de 60 pièces uniques, comme autant de bougies sur le gâteau. En 2022, elle en compte 75 et, si le défi est chaque année plus grand, il est également source de fierté et d’admiration. Surtout pour tous les artisans, à Meyrin, qui découvrent leurs créations au cou ou au poignet des plus belles femmes de la planète.

«Pour cette édition, le défi a été d’autant plus important que nous n’avons eu que neuf mois pour tout produire», précise Caroline Scheufele. «Souvenez-vous, à cause de la pandémie, le festival, en 2021, avait été déplacé en juillet…» Le thème, elle l’a arrêté, spontanément, alors qu’elle grimpait les marches pour assister à la cérémonie de clôture. Il coulait de source, se trouvait là, sous ses yeux: le cinéma, évidemment! Les 75 pièces de la Red Carpet Collection sont toutes inspirées de films célèbres: Le Parrain, Mamma Mia, Pulp Fiction, La Dolce Vita, Cendrillon, La Main au collet… Mais l’une des premières créations sorties des ateliers a une valeur sentimentale: cette rose aux pétales mobiles, serties de diamants blancs et noirs, est un hommage au maître du septième art, Charlie Chaplin, et à l’un de ses chefs-d’œuvres: Les lumières de la ville. Si elle adore les clowns et les animaux, Caroline Scheufele reste aussi une inconditionnelle de Charlot. Il lui arrive parfois de se glisser dans le costume du plus célèbre clochard de la planète et de se livrer à un petit numéro de mime, digne des films muets.

Le hall du Martinez prend des allures de showroom où les robes les plus extravagantes défilent.

Seal a enchaîné ses tubes lors d’un concert privé, devant 150 personnes. Au bonheur de Caroline Scheufele, coprésidente de Chopard. Photo : DR / Chopard

Seal en concert (très) privé

En toute logique, Charlie Chaplin était l’un des personnages centraux de la soirée que Chopard a organisé, en deux temps, à l’hôtel Martinez, pour célébrer ses 25 ans de présence continue à Cannes. Sa silhouette se dessinait, en traits de lumière, sur les murs de la salle de bal, transformée en plateau de cinéma. Les 150 invités, eux, sont accueillis par quelques paroles du maître. Sur les longues tables, des roses blanches en majesté, comme celle que le vagabond tendit à la jeune fleuriste aveugle dans cette scène culte du film, daté de 1931. Ce soir-là, Caroline Scheufele s’est entourée de Poppy Delevingne, Natalia Vodianova, le boxeur Conor McGregor, Philippine Leroy-Beaulieu, Adriana Lima, enceinte de son troisième enfant, et Kiera Chaplin, petite-fille de Charlot. Après un défilé glamour pour donner vie aux parures de la Red Carpet Collection, c’est Seal qui finit par investir les lieux pour un récital (très) privé, profitant du catwalk pour s’approcher au plus près des convives. «J’aime ce genre de concert, parce qu’on voit les sourires et les émotions sur les visages des spectateurs», dit-il, avant d’interpréter Kiss From A Rose, tirée de la bande originale du film Batman Forever. Trente minutes et quelques tubes plus tard, la salle est prête pour le dancefloor chauffé à blanc par DJ Rodge. Gentleman’s Evening, 1001 Nights Party… Au fil des ans, Chopard a pris l’habitude de rythmer sa semaine cannoise d’événements exclusifs. Privilégiant les soirées en petit comité pour un meilleur échange entre la marque et ses clients fidèles. Car le festival reste une affaire commerciale. L’objectif est clairement de vendre les 75 pièces uniques de la Red Carpet Collection. Et les stars constituent les meilleures ambassadrices de la maison. Quelle femme n’a pas rêvé de porter les bijoux que Sophie Marceau, Emily Ratajkowski, Shakira ou Eva Longoria exhibent sur le tapis rouge? Visiblement, l’argument est efficace, puisqu’à la fin de la première semaine, plusieurs pièces ont été vendues à la suite de leur passage en mondiovision.

Le mannequin norvégien Frida Aasen et Poppy Delevingne, sœur de Cara, sur le tapis rouge. (En bas, à droite). Photo : DR / Chopard; Chopard / Federal studio
Photo : DR / Chopard; Chopard / Federal studio
Les lauréats du Trophée Chopard, Sheila Atim et Jack Lowden, entourés de Thierry Frémaux, Karl-Friedrich et Caroline Scheufele, Julia Roberts et Pierre Lescure. Photo : DR / Chopard; Chopard / Federal studio
Pour la 75e édition du Festival de Cannes, la Palme d’or s’est offert un socle en quartz rose. Deux de ses 19 folioles ont été serties de 75 et 25 diamants. Photo : DR / Chopard; Chopard / Federal studio

La magie de Julia Roberts

Mais, pour Chopard, le moment fort de cette 75e édition, n’en déplaise à Tom Cruise, c’est le retour de Julia Roberts sur la Croisette. Elle n’y était plus revenue depuis 2016 et cette montée des marches désormais légendaire: la star avait pris la liberté d’ôter ses talons et de fouler le tapis rouge à pieds nus. Buzz garanti. Cette année, elle opta pour une combinaison queue-de-pie noire, signée Louis Vuitton, qui  mettait parfaitement en valeur le collier, serti de 54,57 carats de diamants blancs taille poire et taille coussin, sublimé par un somptueux diamant jaune de 100 carats. Hypnotisant!

Invitée par Caroline Scheufele, l’actrice américaine est venue à Cannes – à la surprise générale – pour remettre, en tant que marraine, le Trophée Chopard à Sheila Atim et Jack Lowden, les deux espoirs du cinéma récompensés en 2022. Depuis sa création en 2001, ce prix a démontré, à plus d’un titre, qu’il avait le nez fin: au palmarès, on trouve Marion Cotillard, Diane Krüger, Léa Seydoux, Jonathan Rhys-Meyers, Adèle Exarchopoulos et, plus récemment, Anya Taylor-Joy, révélée par la série Le Jeu de la Dame. Autant dire que les deux lauréats ont tous les atouts en main pour suivre le même chemin pavé de succès.

Pour Caroline Scheufele, la présence de Julia Roberts, à ses côtés, constitue un vrai trésor. «C’est une femme harmonieuse, profondément humaine, mais sûrement pas capricieuse. Elle sait ce qu’elle veut, simplement!» À Cannes, la comédienne a ainsi tenu à prendre le thé avec les parents de Caroline. «Pour faire leur connaissance», a-t-elle dit. Et n’a accepté que deux interviews – pour Vogue Italia et Madame Figaro. Ni plus, ni moins, Mais en a-t-elle vraiment besoin? Julia Roberts appartient à cette race de stars qui savent se faire rares, choisissant leur apparition avec soin, refusant de vendre leur image au premier venu. Si Julia Roberts a prêté son sourire à Chopard pour sa collection Happy Diamonds, ce n’est donc pas un hasard. «Elle s’est souvenue de notre première rencontre à Cannes, en 2016, elle est surtout sensible à notre engagement pour un luxe durable et éthique», explique la coprésidente. «Il y a une belle alchimie entre nous.» C’est aussi ça, la magie de Cannes! 

Votre serviteur sur le tapis rouge de Cannes. En smoking, comme l’exige le dress code! Photo : Giulia Parmigiani / Chopard

«Cette année, nous n’avons eu que neuf mois pour créer les 75 pièces de la Red Carpet Collection…»

Chopard à Cannes

1997 Chopard devient l’un des partenaires principaux du festival.
2001 Première édition du Trophée Chopard qui récompense deux espoirs du cinéma.
2007 Création de la première Red Carpet Collection pour les 60 ans du festival.
2013 Chopard dévoile son projet de joaillerie éthique: «The Journey». La Palme d’or est fabriquer en or «Fairmined».
2022 Chopard fête ses 25 ans de partenariat avec le festival.
1997 Chopard devient l’un des partenaires principaux du festival.
2001 Première édition du Trophée Chopard qui récompense deux espoirs du cinéma.
2007 Création de la première Red Carpet Collection pour les 60 ans du festival.
2013 Chopard dévoile son projet de joaillerie éthique: «The Journey». La Palme d’or est fabriquer en or «Fairmined».
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