CinémaL’enquête

Biopic mania : Fanatisme ou voyeurisme?

Les films qui retracent la vie des stars de la musique foisonnent sur grand écran, tandis que les documentaires font les beaux jours des plateformes. Comment expliquer ce besoin de réel?

Austin Butler s’est glissé dans la peau du King pour le biopic Elvis, sorti cet été. Il chante presque toutes ses chansons dans le film, à l’exception de celles où Elvis était plus mature…

Ils sont venus, ils sont tous là: elvis presley, Freddie Mercury, Elton John, Aretha Franklin, James Brown, Édith Piaf, Claude François, Johnny Cash, Ray Charles ou encore Tupac Shakur. Dans le club du biopic musical, on accueillera aussi prochainement Madonna, Michael Jackson, Marvin Gaye, Amy Winehouse, les Bee Gees, Cher, Bob Marley et Weird Al Yankovic, joué par Daniel Radcliffe. D’autres y feront un retour après un premier passage: Whitney Houston sera incarnée par Naomi Ackie dans I Wanna Dance With Somebody, Bob Dylan par Timothée Chalamet dans Going Electric.

Après des incursions sporadiques dans le septième art, avec notamment Rhapsody in Blue en 1945, Lady Sings the Blues en 1972, The Buddy Holly Story en 1978 ou Coal Miner’s Daughter en 1980, le film biographique musical a pris son envol dans les années 1990 avec The Doors et Tina, avant de devenir le genre le plus en vogue des années 2000. L’Hexagone n’était pas en reste avec La Môme, qui valut à Marion Cotillard de devenir la seule Française à gagner l’Oscar de la meilleure actrice pour un rôle en français, Gainsbourg (Vie héroïque), Cloclo ou Dalida.

À Hollywood, le phénomène s’est encore amplifié avec le succès de Bohemian Rhapsody en 2018, biopic le plus rentable de l’histoire: le film au «moyen» budget de 55 millions de dollars a engrangé plus de 900 millions au box-office mondial. Le succès, l’année suivante, de Rocketman, racontant le parcours d’Elton John, a confirmé l’engouement du public. Le genre est depuis repris à l’envi. «Je pense qu’au-delà de l’aspect événement de ces grosses productions, le succès s’explique par le fait qu’elles permettent d’assister à un véritable spectacle musical. La musique éveille les sens différemment et évoque des périodes de vie de manière nostalgique», explique Noé Maggetti, assistant diplômé en histoire et esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne. «Il ne faut pas négliger l’intérêt économique des studios, mais c’est une manière pour le cinéma de piocher dans d’autres arts pour faire l’unanimité plus facilement.»

«La musique éveille les sens différemment et évoque des périodes de vie de manière nostalgique.»

Toujours le même film?

Là où il prenait à ses débuts la peine de s’intéresser à la personnalité de la star, à son cheminement vers la gloire ou à la profondeur de ses tourments, le biopic musical, extrêmement cher à produire en raison notamment des droits musicaux, ratisse désormais large, préférant souvent faire entrer une vie entière au chausse-pied dans le carcan qui transforme un long-métrage en blockbuster. Avec, pour finir, le sentiment de revoir en permanence le même film: «En général, il commence tard dans la vie du protagoniste, à un moment où il doit entrer en scène pour une performance iconique. Il pense alors à sa vie: on opère un flashback dans son enfance toujours marquée par une tragédie», rappelle le cinéaste américain Patrick Willems dans The Broken Formula of Music Biopics. «Puis, vient le moment où l’artiste chante devant des inconnus subjugués par son talent, les petits concerts devant des fans en folie, l’enregistrement de son premier single face à un producteur sceptique, la chanson qui devient un hit et la première tournée.» C’est à cet instant de l’histoire, détaille Patrick Willems, qu’il commence à vouloir se détacher du style imposé par son label. Un moment qui coïncide immanquablement avec sa chute dans la drogue ou l’alcool: «Son mariage vacille, il repousse ses proches, puis c’est la désintoxication et le retour à la musique. Il donne alors un célèbre concert. L’image se fige sur cette victoire et un texte nous raconte ce qui lui est arrivé durant les années restantes de sa vie.» Clap de fin.

Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022

«Les biopics empruntent généralement ce schéma narratif du mélodrame qui caractérise le cinéma hollywoodien depuis quasiment sa naissance», confirme Noé Maggetti. «On prétend parler du réel, mais on le fait passer à la moulinette du récit mélodramatique, avec ses stéréotypes et ses codes.» Également cofondateur du Tourne-Films Festival Lausanne (TFFL) consacré aux liens entre musique et cinéma, il vient d’axer sa quatrième édition sur le biopic musical: «Le but était de montrer que des films peuvent être classés dans ce genre sans pour autant entrer dans sa définition souvent réductrice. Le biopic musical peut aussi être le lieu d’expérience formelle ou d’audace narrative.»

De l’audace, il en a fallu à Todd Haynes pour consacrer I’m Not There à Bob Dylan en 2007, en le faisant jouer par six interprètes différents, dont Cate Blanchett. Un film, programmé au TFFL, que Noé Maggetti désigne volontiers comme l’exemple réussi: «On sort de la logique linéaire pour représenter six facettes de la vie de Dylan. Chaque segment a une esthétique filmique très différente qui se met au service du récit.» Interrogée sur les biopics musicaux qu’elle juge bons, Chicca Bergonzi, adjointe de direction et responsable du département Programmation et diffusion de la Cinémathèque suisse, cite la même œuvre. Les deux spécialistes s’accordent également sur Last Days, de Gus Van Sant, sur les derniers jours de Kurt Cobain, même si, pour se protéger juridiquement, le réalisateur ne le cite pas expressément. «Il y a dans ce film non seulement une volonté de comprendre, d’interpréter l’artiste, mais aussi une réflexion plus universelle sur la folie et la dépression», souligne Chicca Bergonzi. D’autres exemples? Amadeus de Milos Forman ou Bird de Clint Eastwood. «The Doors est esthétiquement très intéressant», ajoute Noé Maggetti. «Dans les sorties plus récentes, j’ai trouvé Rocketman très réussi, pour la performance de l’acteur et parce qu’Elton John prenait le parti original de faire de son histoire une comédie musicale, sans occulter les choses sombres.»

Jennifer Hudson (à gauche, avec Mary J. Blige) dans Respect en 2021. Elle chantait avec brio les titres d’Aretha Franklin, ce qui lui valut des critiques dithyrambiques, mais aucune nomination aux Oscars.
Rami Malek a décroché l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody en 2018.

Faire découvrir des artistes

Contrairement au documentaire, qui présente des faits, le biopic s’autorise à réécrire l’histoire pour les besoins de la narration. Patrick Willems relève d’ailleurs les aberrations chronologiques du genre: «Dans Bohemian Rhapsody, Freddie Mercury dévoile qu’il a le VIH aux membres de Queen pendant qu’il tente de réunir le groupe pour le concert Live Aid. En réalité, il n’a été diagnostiqué que deux ans après. Qu’importe, tant que cela permet au film de se terminer sur une ultime performance triomphante sur fond de mort imminente!» 

Cette liberté irrite cependant les puristes de l’artiste. «Aujourd’hui, ces blockbusters ne visent plus exclusivement les fans», précise cependant Noé Maggetti. «Ils veulent aussi faire découvrir des artistes plus âgés ou disparus aux plus jeunes. L’intérêt est double:  attirer les gens dans les salles pour le plaisir de voir ces performances sur grand écran avec une bonne sonorisation et offrir un nouveau public à l’industrie musicale.» Et ce, même si dans les blockbusters, le travail musical est résumé en quelques fulgurances. Une exception: Love & Mercy, retraçant la lutte de Brian Wilson contre ses troubles mentaux, met en avant l’art de la composition et sort d’ailleurs allégrement de la formule consacrée.

En 2007, Jake Kasdan tentait une critique du genre avec Walk Hard: The Dewey Cox Story et s’amusait de tous ses clichés pour raconter la vie de Dewey Cox, une vedette fictive. Mais dénoncer les grosses ficelles de l’industrie n’a pas payé: malgré de bonnes critiques et une nomination aux Golden Globes, cette parodie à 35 millions n’avait engrangé que 18 millions au box-office.

Noé Maggetti, assistant diplômé en histoire et esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne.
Alexandre Lanz, rédacteur en chef adjoint de Femina et grand spécialiste de Madonna.

Le biopic musical est un sous-genre du biopic (historique, politique, sportif…), mais coche souvent les mêmes cases. «Le film de fiction biographique existe depuis les débuts du cinéma. Georges Méliès avait même déjà fait un Cléopâtre en 1899», commente Chicca Bergonzi. Avant d’insister: «Il est important de rappeler que le biopic a donné de grandes œuvres au patrimoine comme Gandhi, Lawrence D’Arabie ou Raging Bull. Dans ces films, il y a la volonté d’aller au-delà de la pure biographie. Il y a un parti pris et une interprétation du réalisateur qui amènent une richesse cinématographique. Alors que dans Elvis par exemple, la construction au niveau de la narration reste très classique, même s’il y a des moments extrêmement forts, surtout dans la deuxième partie, et que le montage est intéressant. C’est du pur Baz Luhrmann, donc cela fonctionne toujours!»

Le biopic s’impose comme genre majeur à Hollywood dans les années 1930. Les studios, Warner en tête, les produisent à la chaîne. Dans ce temps de crise économique, ils narrent les histoires d’hommes (très rarement de femmes) inspirants, ayant joué un rôle important dans la société. «La ligne éditoriale est engagée, humaniste et éducative: on raconte les vies de Pasteur, Zola, Juarez. On véhicule des valeurs pour revitaliser le moral d’une nation. On s’adresse à des citoyens. Après-guerre, on s’adressera à des consommateurs, en privilégiant l’entertainment», explique au journal Le Monde, Rémi Fontanel, maître de conférences en études cinématographiques à Lyon-II et coordinateur de l’ouvrage Biopic: de la réalité à la fiction. Dès le départ, les biopics brillent régulièrement aux Oscars: en 1928, Le Patriote, sur les derniers jours de Paul 1er de Russie, glane cinq nominations. En 1933, Charles Laughton est sacré meilleur acteur pour son interprétation d’Henri VIII. En 1937, La vie d’Émile Zola remporte la statuette de meilleur film.

Manque d’idées ou valeurs sûres?

Aujourd’hui, les bios de toutes catégories semblent être les seules à pouvoir rivaliser avec les films de super-héros. Certains retracent une vie, d’autres, comme Jackie, 127 heures ou Fruitvale Station, se focalisent sur le moment où celle-ci bascule. Les histoires d’entrepreneurs, de scientifiques, de politiciens ont la cote. Même le destin exceptionnel d’anonymes fascine. Que faut-il voir dans l’omniprésence du biopic? «Il y a peut-être un manque de nouvelles idées de l’industrie. Ce sont aussi des valeurs sûres, parce qu’apparemment, le public aime se retrouver sur un terrain où il a déjà des repères, avec des personnages qu’il connaît», avance Chicca Bergonzi. «Il y a aussi un processus d’identification aux protagonistes dont tout humain a besoin, mais je pense que cela répond aussi à notre côté voyeur. On aime tout voir, même le côté obscur de personnages connus.»

«Le biopic a donné de grandes œuvres au patrimoine comme Gandhi ou Raging Bull.»

Ce besoin de réel s’est accentué sur tous les écrans, peut-être sous l’impulsion des réseaux sociaux, où l’on montre sans cesse ce qu’est censé être sa vie. La télé-réalité, qu’on disait condamnée à court terme il y a 20 ans, ne s’est jamais aussi bien portée. Le confinement a même renforcé sa présence sur les plateformes: les studios à l’arrêt avaient massivement investi sur ces formats réalisables en vase clos une fois les candidats testés. Outre le succès de The Crown, sur la famille royale d’Angleterre, Netflix propose une catégorie sans fin de films basés sur des faits réels et de documentaires, entre célébrités, sportifs, arnaqueurs ou assassins. Addictifs, ils sont réalisés avec des budgets qui n’ont rien à envier à ceux de La casa de papel. Parce que les audiences sont au rendez-vous. «Moi aussi, je regarde», concède Chicca Bergonzi. «J’ai vu dernièrement le portrait de Jennifer Lopez. J’ai découvert des facettes d’elle que je ne connaissais pas, mais malheureusement, elle y apparaît comme une sainte. Ces programmes tombent toujours dans le piège de l’histoire racontée sans recul. Le résultat, ce sont des portraits certes intéressants, mais lisses.»

Madonna prend les rênes

Est-il possible de garder suffisamment d’objectivité lorsque la personne concernée ou les héritiers ont un droit de regard ou produisent le film? Une façon de se défaire de ces contraintes serait de retracer des faits réels à l’aide d’un protagoniste fictif, comme dans Eden, relatant les débuts de la French Touch, Dreamgirls, racontant sans jamais les nommer le destin des Suprêmes, Almost Famous ou Last Days. Madonna, elle, ne prendra aucun recul: elle a pris les rênes de son biopic, après s’être longtemps opposée à l’idée. «J’ai eu une vie extraordinaire, je dois faire un film extraordinaire», confiait-elle à Variety. «J’ai voulu prendre les devants, car beaucoup essayaient de faire des films sur moi. Surtout des hommes misogynes. Alors, j’ai mis mon pied dans la porte et j’ai dit: personne à part moi ne va raconter mon histoire.» La Reine de la pop co-écrit le film, le coproduit et le réalisera. Il retracera ses débuts jusqu’à sa tournée Blonde Ambition en 1990. «Jusque-là, sa carrière n’a été qu’une ascension. Elle a connu son premier déclin en 1992, avec les sorties jugées trop provocantes de son livre Sex, du film Body of Evidence et d’Erotica, son album qui s’est le moins bien vendu à l’époque», détaille Alexandre Lanz, rédacteur en chef adjoint de Femina et grand spécialiste de la chanteuse. «L’histoire de son ascension, c’est aussi celle du rêve américain. Issue d’un milieu modeste, elle est arrivée toute jeune à New York avec une ambition débordante. Le film couvrira cette période où Madonna avait, de l’avis de tous, un flair hallucinant pour les nouvelles tendances.» Le biopic devrait aussi lui permettre de dévoiler la face sombre du showbiz: «Elle a d’ailleurs raconté sur le tard avoir subi un viol à ses débuts.»

Chicca Bergonzi, responsable du département Programmation et diffusion de la Cinémathèque suisse.
Le Zurichois Valentin Greutert, producteur du biopic sur Bruno Manser.

Le choix de l’actrice qui l’interprétera, Julia Garner, sélectionnée au terme d’un casting de deux ans aux allures de boot camp de danse et de chant, rassure Alexandre Lanz: «C’est une excellente actrice, incroyablement puissante dans son jeu. Si le scénario devait être trop premier degré, elle peut réussir à emmener l’histoire ailleurs. En plus, elle ressemble beaucoup à Madonna à l’époque de Dick Tracy et elle a cette même férocité un peu animale.»

À peine le nom de Julia Garner révélé que de nombreux médias évoquaient déjà un futur Oscar pour l’actrice, tant les biopics, entre transformations physiques et travail d’imitation, sont une voie royale pour la cérémonie. Au point que sur les dix actrices nommées pour le trophée en 2021 et 2022, cinq incarnaient des personnes réels. Idem du côté des acteurs. Mais alors qu’en 2007, Marion Cotillard reprenait Piaf en playback, la tendance actuelle est de trouver des interprètes pour chanter eux-mêmes le répertoire. Comme Jennifer Hudson dans Respect, Taron Egerton dans Rocketman ou Austin Butler dans Elvis. Idem pour Renée Zellweger, oscarisée en 2020 pour Judy. «Depuis la multiplication des biopics, chanter est central pour faire la différence: le public veut aussi être bluffé par une performance musicale», remarque Noé Maggetti. «Dans le contexte actuel, j’aurais de la peine à imaginer quelqu’un gagner un Oscar sans cela.»

Trouver la perle rare demande de la patience: après un an de casting, Paramount Pictures a choisi Kingsley Ben-Adir pour être Bob Marley. Pour l’adaptation du bestseller Blonde de Joyce Carol Oates, attendue pendant plus de 10 ans et diffusée ce mois-ci sur Netflix, les actrices pressenties pour incarner Marilyn Monroe étaient à chaque fois devenue trop âgées pour le rôle quand le projet semblait se concrétiser. C’est finalement Ana de Armas qui a obtenu le rôle.

Taron Egerton as Elton John in Rocketman from Paramount Pictures.

Taron Egerton a été choisi par Elton John pour jouer son rôle dans Rocketman. Il a remporté le Golden Globe du meilleur acteur pour sa performance.

WEST HOLLYWOOD, CA – FEBRUARY 24: Sir Elton John and Taron Egerton attend the 27th annual Elton John AIDS Foundation Academy Awards Viewing Party sponsored by IMDb and Neuro Drinks celebrating EJAF and the 91st Academy Awards on February 24, 2019 in West Hollywood, California. (Photo by Michael Kovac/Getty Images for EJAF

Les gros ratages

Aucune recette miracle ne semble pouvoir prédire le succès. Chadwick Boseman avait livré une performance époustouflante dans la peau de James Brown, chantant même sur quelques titres de Get On Up, produit par Mick Jagger en 2014. Le film n’avait engrangé que 33 millions au box-office pour un budget de 30 millions. En revanche, la recette pour rater son biopic semble connue: un mauvais casting et/ou l’opposition des héritiers. Le bad buzz de Joseph Fiennes singeant Michael Jackson dans le trailer de Urban Myths en 2017 vient immédiatement à l’esprit. «Je suis incroyablement offensée. Cela me donne envie de vomir», avait tweeté sa fille, Paris Jackson. La chaîne Sky avait fini par renoncer à la diffusion. Gros malaise également en 2016 pour Nina. Le frère de Nina Simone avait exprimé sa colère de voir Hollywood raviver le blackface en grimant Zoe Saldaña pour incarner la diva afro-américaine. En 2020, la comédienne avait déclaré, en larmes, qu’elle regrettait d’avoir accepté ce rôle: «Nina Simone méritait mieux.» Descendu par la critique en 2020, le problème de Stardust, sur les jeunes années de David Bowie, n’était pas uniquement le choix de l’acteur, peu ressemblant, mais surtout l’absence totale de morceaux de Bowie dans le film. Et pour cause: s’opposant au projet, ses héritiers n’avaient pas accordé les droits musicaux.

BIOPIC SUISSE
LE MYSTÈRE MANSER

ZURICH Dix ans de travail et 6 millions CHF de budget: Bruno Manser – La voix de la forêt tropicale raconte l’engagement du Suisse Bruno Manser contre la déforestation à Bornéo aux côtés des Penan, avec lesquels il vécut plusieurs années. À son retour en Suisse, il continua à sensibiliser l’opinion publique. Porté disparu depuis son retour sur l’île en 2000, il a été déclaré mort en 2005. Le souhait du producteur du film, Valentin Greutert, de mettre sa vie en lumière trouve son origine en 1992: «Bruno Manser était venu dans notre classe et son parcours m’avait fasciné.» Pourquoi un biopic plutôt qu’un documentaire? «Avec un biopic, on n’expose pas uniquement des faits, on raconte une histoire dramatisée pour qu’elle soit captivante pour le public.» Le succès est au rendez-vous à la sortie du film. Même si des voix reprochent la mise en vedette de l’Occidental dans ce combat. Valentin Greutert s’en défend: «Nous voulions montrer comment un être humain peut être à ce point convaincu de sa mission, se laisser dévorer par elle. Son engagement est impressionnant. Et de ce point de vue, notre but n’était pas de le critiquer. Il se critiquait assez lui-même, car son combat n’était pas un succès. Il a payé un prix extrêmement élevé pour son engagement. Nous avons travaillé avec ses héritiers et construit une relation de confiance. Nous avons pu garder notre liberté, mais sans le soutien du Bruno Manser Fonds, nous n’aurions pas pu tourner: ils nous ont ouvert les portes chez les Penan qui voient en Bruno Manser une figure très importante, bien plus que nous en Suisse.»