Pegasus
Le jour d’après…
Gabriel Spahni et Simon Spahr ont décidé de quitter le navire à la fin de l’année. Leader du groupe, Noah Veraguth, explique les dessous de ce divorce à l’amiable.
Par Jean-Daniel SALLIN
Crédit : Ella Mettler
« Quand on a créé Pegasus en 2003, on était encore des gamins. On pensait que ça durerait pour la vie… » À cette époque, Noah, Gabriel, Simon et Stefan sont quasiment voisins. Ils se connaissent depuis qu’ils ont l’âge de taper dans un ballon, dans le parc d’à-côté. Ils fréquentent la même école et profitent du 1er août pour tirer des fusées dans le ciel de Bienne. « Nous avions tous un intérêt marqué pour la musique, mais l’idée de fonder un groupe, ensemble, est venue plus tard », raconte Noah Veraguth. « C’est certainement cette histoire d’amitié qui explique la longévité de Pegasus ! Elle passait toujours avant notre ambition personnelle. Nous aimions simplement partager du temps ensemble. »
Que reste-t-il de tout ça aujourd’hui ? Alors que le groupe vient de livrer sa dernière galette, Twisted Hearts Club, Gabriel Spahni, bassiste et membre fondateur de Pegasus, puis Simon Spahr, guitariste, ont annoncé leur départ : ils participent à la tournée en 2025, mais quitteront le navire à la fin de l’année. Le coup est rude. Inattendu. « Nous venions de terminer l’enregistrement de l’album », raconte Noah Veraguth. « La décision de Gabriel était d’autant plus surprenante que j’avais senti une alchimie très forte entre nous dans le studio. Cela a créé des turbulences dans le groupe. Simon a suivi le mouvement : il nous a dit que, sans Gabriel, ça n’avait plus de sens de continuer… »
Lui-même s’est aussi posé la question : stop ou encore ? En vingt ans, Pegasus est devenu l’un des plus gros vendeurs de disques en Suisse. Il a assuré la première partie de Coldplay au Stade de Suisse en 2009, avant de signer l’hymne officiel de l’équipe de Suisse aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. Même la famille Knie lui a déroulé le tapis rouge lors de sa tournée en 2024 – avec des arrêts à Zurich, Berne, Genève et Lausanne. Le temps est peut-être venu de tourner la page et d’écrire également un nouveau chapitre de sa vie – comme l’a justifié Gabriel. « Mais, si j’avais arrêté, il m’aurait manqué un bout de moi », confie Noah.
Un père alémanique, une mère brésilienne… Noah Veraguth a choisi l’anglais pour la musique. « C’est la langue qu’on parlait à la maison. Dans mes chansons, j’essaie de raconter des histoires intemporelles qui résistent aux modes. Un coup de foudre entre deux personnes à Londres, sur la Victoria Line, par exemple, cela peut arriver chaque jour ! »
Après avoir encaissé le choc, le leader de Pegasus ne nourrit pas d’amertume. À quoi bon ? L’amitié est plus forte que tout. Même dans ces instants plus chahutés. « Mais, à la fin de l’année, nous aurons besoin d’une petite pause pour restructurer le groupe. Cela me forcera à mener d’autres projets de mon côté. Ce sera une belle opportunité pour moi ! » Durant sa carrière, en effet, Noah Veraguth n’a jamais rechigné à collaborer avec d’autres artistes, comme Stress, Bastian Baker, Stefanie Heinzmann ou, même, Aloe Blacc. Mais, il aime faire partie d’un groupe. Cela vient-il de son passé de footballeur ? Enfant, il a joué comme gardien de but chez les juniors du FC Bienne. « C’est aussi là que j’ai appris le français, à force de crier contre mes défenseurs welsches », rigole-t-il.
Reste ce septième album à défendre sur scène… Quand il réécoute certains titres aujourd’hui, Noah Veraguth ne peut s’empêcher d’y déceler des signes, semés çà et là, au détour d’une phrase ou d’une note de musique – notamment dans le titre How Much Can A Heart Break, dont chaque ligne évoque une séparation. « L’intégralité des chansons était écrite avant cette décision, mais c’est comme si notre subconscient avait senti quelque chose dans l’air », fait remarquer le chanteur de Pegasus. Est-ce que ça explique cet album plus organique, plus profond ? Certainement. Certaines pépites, telles que Greatest Love, Tired Eyes ou Renegade, sonnent comme des tubes en puissance. « There’s Always a Next Day / For You to Try », chante-t-il dans Next Day. Pour Pegasus, le jour d’après vient à peine de commencer…
Pegasus sera le 15 juillet à Sion sous les étoiles, le 17 juillet à Moon & Stars à Locarno et le 31 juillet au Lakelive Festival, à Bienne.