Château de Duillier
Du vin et des notes

Impossible de le manquer, à l’entrée du village, avec ses deux tours blanches et son corps de ferme ! Posé majestueusement au cœur du vignoble, le château de Duillier – dont la première mention dans les registres date du XII^e siècle – est classé monument historique depuis 2016. Et pour cause… Son histoire, quasi millénaire, est jalonnée d’anecdotes croustillantes et d’hôtes prestigieux. Si le comte Saint-George de Marsay, déjà propriétaire du château de Changins, ou l’écrivain Urbain Olivier (1810-1888) y ont élu domicile, l’acquisition de la seigneurie par Jean-Baptiste Fatio, en 1672, en constitue la pierre angulaire. Il y installe un atelier d’imprimerie, spécialisé dans la contrefaçon, qui produisit le premier dictionnaire français-italien-latin en 1677.

Le château de Duillier reste ainsi entre les mains de la famille Fatio pendant cinq générations. Géomètre et astronome, Nicolas, proche d’Isaac Newton, y cartographie le lac Léman. Quant à son frère, Jean-Christophe, ingénieur, il est à l’origine des fortifications de Genève. Les deux – les premiers à évaluer la hauteur du Mont Blanc – seront d’ailleurs reçus à la Société royale de Londres. Si seulement ses murs pouvaient parler, ils nous raconteraient les raisons qui ont conduit des religieuses à y trouver l’asile ou les délits commis par les prisonniers qui ont séjourné dans les deux cachots, lesquels, paraît-il, existent toujours dans l’édifice, souvenirs de son passé de centre de juridiction.

Aujourd’hui, le château de Duillier écrit une nouvelle histoire. Entre vins et notes de musique. En 1922, Maurice Humbert, fils d’un agriculteur de Burtigny, achète le domaine qu’il dédie à la viticulture, l’agriculture et l’élevage laitier. Si les vaches et le poulailler ont disparu, le vignoble, lui, continue de rythmer le quotidien de la famille. Après le départ à la retraite de Jacques, en décembre 2023, après 45 ans de dévouement, la quatrième génération, avec Sophie et Guillaume, assure désormais la gestion du domaine, avec ses 16 hectares de vignes et ses 14 cépages. « Notre père est décédé en août dernier », précise la jeune femme – laquelle, après un CFC d’assistante en pharmacie, décida de consacrer sa vie au raisin. « À l’époque, aucun de mes frères voulait prendre la suite, malgré tout le potentiel du lieu… »

Sophie Humbert a rejoint l’entreprise familiale en 2015. Hasard ou destin ? Cette année-là, le château abrite la première édition du CastelLive, un festival intimiste et convivial, dédié en priorité à la scène suisse. À l’affiche ? Aliose, Stevans et les Petits Chanteurs à la Gueule de Bois. Depuis 1986, sa cour centrale a déjà l’habitude d’accueillir la troupe de théâtre amateur de Duillier, le Carlaton, pendant l’été. L’événement a donc lieu une année sur deux. L’idée est évidemment de faire découvrir un site et ses produits à une nouvelle clientèle. Sans chichis. Sans ambition démesurée. Au CastelLive, vous ne trouverez donc pas d’espace VIP et la jauge est fixée à 500 billets par soir – pas un de plus !

« Nous voulons que les festivaliers se sentent comme à la maison, sans avoir à attendre 45 minutes pour avoir leur verre de vin », explique Sophie, présidente du comité d’organisation. Une cuisine élaborée (dont l’incontournable burger au canard !), des crus exceptionnels, une proximité avec les artistes… Le concept fait mouche. En quatre éditions, le CastelLive a pu accueillir des artistes comme Phanee de Pool, Manau, Yves Larock, Pat Burgener, The Two ou Sophie de Quay. En 2019, le batteur d’AC/DC, Chris Slade, a même débarqué à Duillier avec son groupe. « Il a fait un concert de 2 h 30 et il a fini au petit matin, dans les loges, avec quelques bénévoles, pour déguster nos vins. Il est reparti d’ici avec un carton », se rappelle la vigneronne. C’est aussi ça, le CastelLive !

Informations et billetterie sur

www.castellive.ch.