Hors-scène

SAIL GP: ces F1 des mers ont le vent en poupe

Lancée en 2019 par larry ellison et russell coutts, avec rolex comme sponsor principal, cette compétition oppose douze catamarans de 50 pieds, tous identiques, sur les plus beaux spots de voile de la planète. Elle s’arrêtera pour la première fois sur les eaux du lac léman du 19 au 21 septembre.

Par Grégoire Surdez

Même Roger Federer commence à s’y intéresser ! Le Sail GP débarque à Genève pour une première et tous les regards se tournent vers ces F1 des mers qui sont aussi à l’aise sur l’eau douce. Pourvu qu’il y ait du vent ! Réunis cet été par Rolex, sponsor titre du circuit et du Grand Prix de Suisse qui aura lieu du 19 au 21 septembre, le plus grand tennisman de l’histoire et Sébastien Schneiter, barreur du Switzerland Sail GP Team, ont immortalisé leur rencontre dans une vidéo qui a fait un carton sur les réseaux sociaux. Un échange entre deux champions et deux mondes, « passionnant », selon le marin qui n’a pas tardé à mettre en application les conseils du GOAT. Dans la foulée de cet entretien, la Suisse a enfin claqué son premier podium sur le circuit, à Portsmouth. Ça ne peut tout de même pas être un simple hasard…

© Felix Diemer for SailGP

Les deux protagonistes se sont fait une promesse : celle de faire, un jour, naviguer « Rodger » sur le F50. Mais ce ne sera pas à Genève puisque l’événement coïncide avec « sa » Laver Cup qui aura lieu aux mêmes dates à San Francisco et qu’il ne peut évidemment pas manquer. L’arrivée de Roger dans le paysage du Sail GP est tout de même le signe que ce circuit a véritablement le vent en poupe. Ces prochaines semaines, il ne sera pas le seul happy few à avoir le privilège de s’envoler sur un F50. De Hollywood à Genève, donc, en passant par Paris, Madrid ou Sydney, les stars internationales du cinéma, du sport ou du show-business sont de plus en plus impliquées dans ce championnat qui réunit les meilleurs marins du monde sur des bateaux volants. Des catamarans de 50 pieds, tous identiques, capables d’atteindre des vitesses folles. Récemment, à Sassnitz, à l’occasion du Grand Prix d’Allemagne, l’équipe danoise de Nicolas Sehested a établi un nouveau record en étant flashé à 103,89 km/h.

Lancé il y a cinq ans par le milliardaire Larry Ellison (Oracle) et Russell Coutts, multiple vainqueur de la Coupe de l’America, le Sail GP a pris une dimension qui dépasse désormais largement le cadre du sport et de la voile. Chaque Grand Prix transforme, le temps d’une petite semaine, les plus beaux spots de voile en des circuits à ciel ouvert. Tribunes, zones techniques, animations, lounge poussent en un temps record sur les berges. « Nous nous étions donnés cinq ans pour installer et développer le Sail GP », explique le Genevois Julien Di Biase, directeur des opérations du circuit. « Nous sommes désormais une entreprise qui fonctionne en totale autonomie et dont la valeur ne cesse de croître. »

AVEC LES MEILLEURS DU MONDE

Il faut dire que dès le début, Larry Ellison et Russell Coutts ont très vite compris que certains piliers étaient essentiels. Sur le plan sportif, une équation simple : des bateaux monotypes jusqu’au bout des bouts et des équipes regroupant les meilleurs navigateurs de la planète. Des champions olympiques, des champions du monde, des spécialistes du foiling qui assurent une maîtrise des engins et un spectacle d’intensité folle. « Russell a toujours eu une vision claire », souligne Alexandre Schneiter, propriétaire de l’équipe Switzerland Sail GP. « Il veut que n’importe quelle équipe puisse gagner n’importe quelle course sans que le bateau n’y soit pour quelque chose. C’est limpide et clair pour le public. Celui qui s’impose est celui qui navigue le mieux. »

Simplicité sur l’eau et diversité sur les quais. Selon des études menées par le Sail GP, deux tiers des spectateurs qui viennent assister à un événement ne sont pas, ou alors très peu, au fait des choses de la voile. Le près, le portant, le bâbord, le tribord, des mots barbares qui ne rebutent pourtant pas les « mécréants » de ce monde-là. Il faut dire que l’emballage proposé par le Sail GP est lui aussi d’un niveau de classe internationale. « On se doit d’offrir une expérience qui sort de l’ordinaire », poursuit Julien Di Biase. « Et cela aussi, nous l’avons développé depuis nos débuts. Je ne dirai pas que c’est facile, mais le concept en lui-même est déjà exceptionnel pour beaucoup. Nous allons toujours dans des endroits iconiques, dans des villes qui ont toutes quelque chose de particulier. Cela se passe en plein air, souvent sous le soleil, puisque nous suivons le calendrier en fonction des saisons. »

L’accueil des sponsors et de leurs clients est particulièrement soigné dans l’Adrenaline Lounge. Un espace dédié, toujours placé aux premières loges, pour mieux voir passer les bateaux en coup de vent. Frissons garantis avec une coupe de champagne à la main, écrans géants et explications d’un expert qui dénoue les fils de la course. Avant ou après, les bases des équipes sont ouvertes à des visites qui permettent de toucher du bout des doigts les coques rutilantes des F50 et de mieux prendre conscience de la complexité et du très haut degré de technologie de ces bêtes de course.

TOM SLINGSBY, LA STAR
Le skipper australien de 31 ans est la star du circuit. Avec son équipe, le champion olympique de Laser 2012 a gagné les trois premiers championnats et terminé deuxième en 2024. À Genève, il débarque en leader de la saison, désireux de marquer les esprits sur un plan d’eau inédit.

© Bob Martin for SailGP

BIENTÔT QUATORZE ÉQUIPES…

C’est donc dans ce monde-là, aux antipodes de celui de la Coupe de l’America, qui a fait du culte du secret une religion, que la Suisse évolue depuis trois ans. Pour le plus grand bonheur d’Alexandre Schneiter qui a vu grandir ce circuit. « Nous avons été la première équipe indépendante, puisque les premières appartenaient toutes à Larry Ellison qui les louait à bon prix à certains pays », explique celui qui a développé depuis 20 ans un nombre incalculable de projets véliques pour faire éclore les talents suisses. À commencer par celui de son fils, Sébastien, barreur de L’Eiger, nom donné au bateau suisse.

Au fil des ans, la plupart des franchises ont été rachetées par des propriétaires. Sur les douze équipes du circuit, trois (Nouvelle-Zélande, Espagne et Danemark) sont encore propriétés de Sail GP (Larry Ellison). Mais elles devraient très vite trouver preneurs dans les mois et années à venir. « Deux bateaux sont encore en construction », poursuit Alex Schneiter, ce qui fera monter à 14 le nombre d’équipes. « L’avenir du circuit est solide et c’est aussi pour cela que nous avons resigné pour les cinq prochaines années et accueilli de nouveaux actionnaires au sein de Switzerland Sail GP. »

AU PROGRAMME
Douze équipes s’alignent en flotte. Vendredi 19 septembre :  entraînements. Samedi 20 septembre : quatre courses en flotte. Dimanche 21 septembre : trois courses en flotte. Les trois premiers sont qualifiés pour une manche finale. Le premier marque 10 pts, le deuxième, 9 pts, et ainsi de suite jusqu’au 10e qui marque un seul point.

© Brett Phibbs for SailGP

PAS DE NÉGOCIATION AVEC ÉOLE !

Déjà présente au sein du conseil d’administration de Genève-Servette Hockey Club, Yasmine Firmenich intègre le board de l’équipe suisse de Sail GP pour mieux représenter une famille dont le nom est intimement lié à l’histoire de la voile genevoise. « C’est une passionnée qui vient voir les Grands Prix le plus souvent possible », sourit Alex Schneiter. « Même lorsqu’elle n’est pas là, elle suit ça à la télévision et me bombarde de messages ! » À Genève, elle sera forcément au rendez-vous. Comme les milliers de spectateurs attendus du 19 au 21 septembre.

Les 3500 places sur les tribunes, aménagées sur le quai de Cologny (à partir du Yacht Club en direction de la Belote) ont été vendues pour le week-end en un temps record. Mais les possibilités de voir les courses en dehors de ces zones aménagées ne manqueront pas. Les bases techniques et les bateaux seront installés sur le quai Gustave-Ador en plein centre-ville, à portée de vue des Genevois. « J’espère que les rives seront bondées, car c’est vraiment un spectacle différent et d’une ampleur inédite que nous proposons », souligne Alexandre Schneiter. « Et je suis sûr qu’il y aura du vent ! »

Une certitude ? Pas vraiment. Mais plutôt un vœu partagé par tous ceux (Sail GP, Alex Schneiter et autorités) qui ont œuvré depuis plus de deux ans en coulisses pour permettre la venue à Genève des F1 des mers. Car même lorsqu’on est capable d’assurer un budget de plusieurs millions (six pour un tel événement), Éole est le seul avec qui toute négociation est impossible.

UNE FEMME À BORD
Le Switzerland Sail GP Team est composé des meilleurs régatiers du pays : Sébastien Schneiter, Arnaud Psarofaghis, Bryan Mettraux et Maud Jayet. La Vaudoise occupe la place dédiée à une femme, selon la volonté du Sail GP qui a imposé cette règle inclusive novatrice.
Sébastien Schneiter, barreur du Switzerland Sail GP Team, a reçu les conseils d’un certain Federer.

SAIL GP

2019 Le Sail GP est lancé avec six équipes. L’Australie gagne le premier de ses trois championnats.
2020-21 L’épidémie de Covid-19 a eu raison de la saison 2 qui ne va pas à son terme.
2021-22 La flotte s’agrandit pour cette saison 2 avec huit nations. L’Australie gagne encore.
2022-23 Alex Schneiter crée Switzerland Sail GP, rejoint le circuit et termine 8e. L’Australie voit triple.
2023-24 Année compliquée pour la Suisse qui termine 10e, tandis que l’Espagne met fin au règne australien.
2024-25 Douze équipes sont désormais alignées et la Suisse progresse, signant son premier podium en Angleterre en juillet.
2019 Le Sail GP est lancé avec six équipes. L’Australie gagne le premier de ses trois championnats.
2020-21 L’épidémie de Covid-19 a eu raison de la saison 2 qui ne va pas à son terme.
2021-22 La flotte s’agrandit pour cette saison 2 avec huit nations. L’Australie gagne encore.
2022-23 Alex Schneiter crée Switzerland Sail GP, rejoint le circuit et termine 8e. L’Australie voit triple.
2023-24 Année compliquée pour la Suisse qui termine 10e, tandis que l’Espagne met fin au règne australien.
2024-25 Douze équipes sont désormais alignées et la Suisse progresse, signant son premier podium en Angleterre en juillet.

Informations sur https://sailgp.com/