L’allemande sera de passage à genève en octobre. Elle y interprètera forcément le titre qui l’a rendue célèbre dans le monde entier : 99 luftballons.
Par Jean-Daniel Sallin / Photos : Sarah Rechbauer / Laugh + Peas Entertainment + Lifestyle Gmbh
La scène avait quelque chose de surréaliste. Lors de l’émission Mask Singer, sur TF1, une autruche, accompagnée de danseuses en justaucorps rose et cuissardes blanches, interprète 99 Luftballons dans une version survoltée. Face à elle, le jury, composé de Kev Adams, Élodie Poux, Laurent Ruquier et Chantal Ladesou, est hilare : sous le costume, ils ont reconnu l’humoriste Jeanfi Janssens, « même en allemand » ! Plus que l’anecdote, c’est la présence de cette chanson, en prime time, sur une chaîne française, qui interpelle : sortie en 1983, ce tube de Nena a traversé les générations – et les frontières – pour devenir un hymne à la paix et à la tolérance. Même Zaho de Sagazan a choisi de l’interpréter sur scène lors de sa dernière tournée en Europe…
Petit voyage dans le passé. Nous sommes en 1982. Le mur de Berlin n’est pas encore tombé. L’URSS et les États-Unis sont en pleine guerre froide : chaque pays tente de montrer sa supériorité à son rival, dans une course effrénée à l’armement nucléaire. Guitariste du groupe, Carlo Karges assiste alors à un concert des Rolling Stones dans un amphithéâtre à ciel ouvert : le Waldbühne. Des ballons sont lâchés dans le ciel de Berlin et le musicien, dans un élan poétique, imagine que ces grappes de sphères colorées franchissent le mur et sont prises pour cibles par les soldats est-allemands. Ce sera le thème de la chanson. Avec des paroles très engagées : pris pour des ovnis venus de l’espace, ces 99 ballons sont pulvérisés dans une gigantesque explosion qui laisse le monde en ruine. Pas très fun ! Mais, avec ce texte, Nena se moque de tous ces politiciens, ces « Kriegsminister » qui ne rêvent que de déclencher une guerre nucléaire…
99 Luftballons a forcément changé l’existence de Nena : si elle fait un carton dans son pays, son nom franchit allègrement les frontières, puisque la version anglaise devient numéro 1 en Grande-Bretagne, tandis que les États-Unis et le reste de l’Europe préfère largement l’originale. Est-ce vraiment une surprise ? Dans les années 80, l’Allemagne inonde le Vieux-Continent avec sa pop culture. Scorpions, Falco, Alphaville, Sandra, Modern Talking… Ils sont nombreux à occuper les avant-postes dans les charts. Dans les kiosques, des magazines comme Bravo ou Popcorn, publiés dans la langue de Goethe, font de l’ombre à Podium. Nena est alors la tête de proue de cette génération dorée. En 1989, elle devient même, symboliquement, un point de référence lors de la chute du mur de Berlin : le public allemand associe son titre, Wunder gescheh’n, interprété à la fin du Konzert für Berlin, le 12 novembre à la Deutschlandhalle, à cet événement historique.
Aujourd’hui, Nena, alias Gabriele Susanne Kerner, a 65 ans et est grand-mère de sept petits-enfants. Mais elle continue d’enregistrer des disques, régulièrement, et de semer ses messages d’amour et de paix en Europe. Avec plus de 25 millions d’albums vendus dans le monde, l’Allemande reste d’ailleurs l’une des artistes les plus populaires dans son pays. Elle a créé son propre label, The Laugh & Peas Company, elle a chanté avec Kim Wilde, Zara Larsson, Dave Stewart et Gianna Nannini, elle a été juge dans l’émission The Voice… Pourtant, tout la ramène, à chaque fois, à ces fameux ballons qui s’envolent vers l’est. Même si d’autres chansons ont marqué son parcours musical (Fragezeichen, Irgendwie, irgendwo, irgendwann), c’est ce titre que les fans attendent sur ses tournées. Combien seront-ils à Thônex, en octobre prochain, pour entonner ces cinq couplets ? « Hast du etwas Zeit für mich / Dann singe ich ein Lied für dich / Von neun und neunzig Luftballons / Auf ihrem Weg zum Horizont… » Il est encore temps de réviser son texte !
Nena Live 2025 – Wir Gehören Zusammen,
le vendredi 17 octobre à Thônex Live (20h).
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AU CINÉMA
La chanson 99 Luftballons fait partie de la bande originale du film, Atomic Blonde, de David Leitch.
AU CINÉMA
En 2006, Nena a prêté sa voix à la princesse Selenia dans la version allemande du film d’animation Arthur et les Minimoys de Luc Besson, aux côtés de Bill Kaulitz, chanteur de Tokio Hotel.
